Victor Hugo est né dans cette maison en 1802. Depuis le XVIIIe siècle, elle a été aussi la résidence d’une succession de peintres, et même du jeune Gustave Courbet lorsqu’il fréquenta l’école de dessin de la ville en 1838-1839. Une grande verrière, du début du XXe siècle, située dans les combles marque l’emplacement d’un atelier toujours occupé par un peintre.
Entre 1754 et 1909, cette demeure a aussi accueilli une pharmacie dont l’officine était située à droite du couloir d’entrée. Ses boiseries et ses pots du XVIIIe siècle, longtemps conservés au musée Lascaris de Nice, ont regagné leur lieu d’origine en 2013, suite à un accord entre les musées de Nice et de Besançon.
Examinons plus en détail cette maison qui possède une façade latérale au n° 4 de la rue Renan : la façade principale a été refaite au XVIIIe siècle. C’est le cas pour un bon nombre d’autres façades, car les Bisontins du siècle des Lumières avaient à cœur d’embellir leur ville. La façade latérale, 4 rue Renan, se caractérise par des baies en accolade du XVIe siècle. Un bas-relief, situé sur une fenêtre du rez-de-chaussée, représente une tête de Christ sur un linge. Cette sculpture perpétue le souvenir d’une relique du Saint-Suaire qui apparut dans la région vers 1523, et fut vénérée à la cathédrale Saint-Jean, jusqu’à sa disparition à la Révolution.
Remarquez que la façade du 140 Grande Rue s’appuie de manière assez brutale sur celle de la demeure voisine située à l’angle de la rue. Sur celle-ci, on remarque les vestiges d’une façade en pierre du XVe siècle qui a été englobée dans une construction à pans de bois enduit du XVIIe siècle. Cet exemple montre, qu’au cours des siècles, les villes se sont souvent renouvelées sur elles-mêmes. Les maisons à pans de bois étaient fréquentes au Moyen Âge à Besançon. On en trouve d’ailleurs encore quelques exemplaires, rive droite du Doubs, dans le quartier de Battant. Mais, à partir de 1588, suite à des incendies répétitifs, les ordonnances municipales rendirent la pierre de taille obligatoire pour les façades sur rue.
Cette demeure, tout comme la prochaine, est située à proximité du square Castan. Du nom de l’archéologue et bibliothécaire Auguste Castan. Ce jardin archéologique a été créé dans les années 1870 par l’architecte Alfred Ducat et le paysagiste Brice Michel. Il montre le produit des fouilles entreprises par Auguste Castan peu auparavant : de hautes colonnes corinthiennes sont dressées en bordure de rue, et des objets plus petits mis en scène dans des présentoirs en brique situés à l’intérieur du square.